
Qu’est-ce que la sécurité applicative ?
Une application non sécurisée est une porte d’entrée laissée entrouverte vers votre système d’information. Vous ne la voyez pas forcément, mais un hacker finira par la pousser. Qu’il s’agisse d’une erreur humaine, ou de failles cachées dans le code, le moindre oubli peut laisser passer une attaque, qui devient alors un risque financier et réputationnel.Pourtant, la majorité de ces attaques auraient pu être évitées si la sécurité avait été intégrée dès la conception de l’application. La sécurité applicative n’est donc plus un sujet réservé aux experts techniques, mais un enjeu de gouvernance, de performance et de compétitivité.Dans cet article, nous vous expliquons pourquoi il faut sécuriser vos applications web, quelles attaques les menacent et comment les anticiper.
Sommaire
- Points-clés à retenir
- Qu'est-ce que la sécurité applicative ?
- Pourquoi est-il important de sécuriser les applications Web ?
- Comment anticiper les failles de sécurité applicative ?
- Comment construire une application sécurisée en 2025 ?
- 5 avantages à former vos équipes à la sécurité des applications
- La sécurité applicative : un levier de croissance trop souvent négligé
- FAQ sur la sécurité des applications
Points-clés à retenir
- Intégrer la sécurité dès la conception de l’application (Security by Design) réduit considérablement les risques et les coûts de correction tout en accélérant les projets.
- Connaître les vecteurs d’attaque majeurs : les portes d’entrée les plus exploitées par les hackers restent la mauvaise gestion de l’authentification, l’injection de code et la mauvaise configuration du SI. Une gestion rigoureuse participe à fermer ces accès sans alourdir la charge des équipes.
- Tester en continu et automatiser : des outils automatisés qui surveillent les entrées et sorties de votre SI détectent tôt les vulnérabilités et sécurisent les mises en production.
- Installer une vraie gouvernance pour défendre vos applications web au quotidien, en instaurant des process avec des revues de code, une séparation des environnements et une maîtrise des logs.
- Une veille régulière des nouvelles vulnérabilités ainsi qu’une formation des équipes à la sécurité applicative permet de transformer cette contrainte en un réflexe partagé par tous.
Qu'est-ce que la sécurité applicative ?
La sécurité applicative (ou sécurité des applications) désigne l’ensemble des pratiques qui visent à protéger les logiciels contre les failles de sécurité, dès leur conception et pendant tout leur cycle de vie. Son objectif : empêcher les cyberattaques qui visent à exploiter les failles présentes dans le code, les interfaces ou les configurations de vos logiciels.
La protection des applications n’est plus une option. Aujourd’hui, les applications web sont la première cible des cyberattaques. Selon le dernier rapport DBIR, elles ont été le vecteur d'action principal dans 80 % des incidents et impliquées dans 60 % des violations de données en 2023. Le moindre oubli dans une logique métier ou une erreur dans un formulaire peut devenir un point d’entrée pour des hackers. Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas simplement de "rajouter une couche de sécurité" à une application existante, mais bien de penser à la sécurité dès la première ligne de code.
La sécurité applicative intègre des méthodes de contrôle qui s’appliquent tout au long du cycle de développement logiciel. Cela commence par la définition des rôles et des permissions, la validation des entrées, le chiffrement des données sensibles, et va jusqu’à l’analyse dynamique du comportement applicatif en environnement de production.
Mais attention, la sécurité applicative n’est pas qu’un sujet technique : elle engage aussi des choix d’architecture, des arbitrages budgétaires, des stratégies de formation, et une gouvernance claire. Malheureusement, plus d’un quart des entreprises françaises ont encore une gestion de la sécurité inexistante en 2025. Une absence de gouvernance qui touche bien moins les plus grosses structures et celles qui se déclarent préparées en cas d’attaque.
La sécurité des applications englobe aussi des outils, des tests et des processus de vérification : audits de code, tests d’intrusion, frameworks de sécurité, gestion des jetons d’authentification… Une “bonne nouvelle” quand on sait que 65% des TPE-PME n’ont aucun collaborateur ou département spécifiquement en charge de l’informatique (Source : Rapport Cybermalveillance 2025).
Ces dispositifs ont tous un but commun : réduire la surface d’attaque du piratage informatique.
Pourquoi est-il important de sécuriser les applications Web ?
Les applications web sont devenues la porte d’entrée privilégiée des cybercriminels. Les sécuriser vous évite qu’une simple faille technique ne se transforme en une crise de sécurité globale. Une seule faille non corrigée suffit à compromettre un système entier, avec des impacts juridiques, opérationnels et réputationnels immédiats.
La sécurité des applications : un incontournable des projets IT en 2025
Les applications web concentrent désormais plus de 40 % des expositions recensées dans les systèmes d’information des TPME (Rapport Cybermalveillance 2025). Ce chiffre grimpe à près de 60 % dans les PME disposant d’interfaces connectées au public.
Les cyberattaques se concentrent là où les flux de données sont les plus actifs : formulaires, espaces clients, API, backoffices mal sécurisés… L’automatisation des scans de vulnérabilités par les hackers rend ces surfaces facilement détectables, même pour des attaquants peu expérimentés.
Les projets IT doivent intégrer cette réalité dès leur lancement. Concevoir une application sans intégrer de garde-fous revient à exposer l’entreprise à des risques évitables :
- Compromission de données ;
- Arrêt de service ;
- Ransomwares ;
- Exploitation de la plateforme comme relais d’attaque.
Intégrer la sécurité applicative en amont n’est pas un frein à la mise en production, mais une assurance de pouvoir maintenir vos délais, vos niveaux de service, et votre conformité réglementaire sans avoir à recoder dans l’urgence post-incident.
7 erreurs classiques qui exposent les entreprises aux failles de sécurité
La majorité des failles de sécurité ne sont pas dues à des attaques ultra-sophistiquées, et proviennent souvent de négligences internes ou d’oublis organisationnels. Les erreurs les plus fréquentes sont majoritairement dues à une absence de connaissance en sécurité informatique, des mises à jour non appliquées, des tests non automatisés, une documentation inexistante et un manque de veille. En effet, 42% des entreprises françaises ont un faible niveau de protection en matière de sécurité informatique (ou ne sait pas l’évaluer).
Voici les erreurs les plus courantes que l’on retrouve dans les entreprises françaises :
- Un manque de culture et de budget autour de la sécurité dans les entreprises, car la sécurité est vue comme une contrainte plutôt qu’un réflexe. 77% des entreprises françaises consacrent moins de 2000€ par an à la cybersécurité, et 92% n’ont pas d’intention de recruter sur ce poste à l’avenir (comprenez : pas avant d’avoir subi une attaque) ;
- Un recours aux équipements personnels utilisés à des fins professionnelles dans 58% des TMPE françaises. Le téléphone portable est de loin l’outil le plus concerné (91%), suivi par l’ordinateur personnel (43%) ;
- Des mises à jour logicielles non appliquées qui augmentent le risque d’exploitation d’une faille connue par les hackers ;
- Une gestion des droits trop permissive avec des droits administrateur accordés trop librement ou des comptes inactifs toujours exploitables ;
- Des tests de sécurité trop rares et/ou une absence de revue de code, ce qui revient à ignorer une partie des risques encourus par l’entreprise ;
- Une documentation inexistante ou obsolète qui amène les développeurs à reproduire les mêmes erreurs, ce qui fait augmenter la dette technique ;
- Une absence de veille régulière sur les bonnes pratiques de sécurité et les dernières vulnérabilités découvertes. Encore aujourd’hui, les mesures principales de sécurité mises en place par les entreprises sont les antivirus, les pare-feux et la création de sauvegardes des données. De bonnes pratiques, mais qui restent insuffisantes.
Comment anticiper les failles de sécurité applicative ?
Pour anticiper les failles de sécurité, vous devez comprendre comment elles naissent. Une application n’est jamais vulnérable par hasard : elle l’est parce qu’un code n’a pas été testé, un composant n’a pas été mis à jour, ou une validation a été négligée. Identifier les zones de fragilité en amont, c’est la seule manière de prévenir au lieu de réparer.
Quelles sont les failles de sécurité les plus fréquentes ?
Les 3 failles de sécurité principales concernent :
- La mauvaise gestion de l’authentification, souvent quand les mécanismes d’accès (identifiants, sessions, mots de passe, tokens) ne sont pas suffisamment protégés. Environ 1 TPME sur 2 a mis en place une politique de mots de passe (longueur, durée, renouvellement) ou dispose d’un gestionnaire de mots de passe en 2025 ;
- Les injections de code qui apparaissent quand une application traite des données fournies par l’utilisateur sans les filtrer ni les valider, ce qui permet à l’attaquant d’accéder aux bases de données ou à des fonctions critiques de votre SI ;
- La mauvaise configuration des systèmes qui concerne les environnements et serveurs applicatifs mal paramétrés : ports ouverts, services inutiles actifs, journaux d’erreur exposant des informations sensibles…
Ces failles exploitent une faiblesse humaine ou technique : une saisie utilisateur non filtrée, un mot de passe en clair, un certificat expiré, ou encore un service laissé accessible sans restriction.
Les failles de logique métier, (business logic flaw) sont l’une des vulnérabilités les plus sous-estimées, même dans les entreprises déjà matures en cybersécurité. L’attaquant ne cherche pas à injecter du code, mais à manipuler le flux logique d’un processus pour obtenir un avantage ou contourner une règle métier. Ces failles sont d’autant plus dangereuses qu’elles sont silencieuses. Elles ne provoquent pas toujours de panne visible, mais ouvrent la voie à des attaques plus ciblées et plus violentes. De plus, les failles de logique métier échappent souvent aux outils de test automatisés. Par exemple, changer un paramètre dans l’URL pour obtenir les accès d’un autre utilisateur.
Les facteurs techniques qui peuvent aggraver les failles de sécurité
Les dépendances mal gérées
Une dépendance est un composant externe (bibliothèque open source, un module ou un framework) utilisé pour accélérer le développement d’une application. Cette dépendance devient un risque pour l’entreprise dès lors qu’elle est obsolète, non vérifiée, non surveillée ou non testée. Autrement dit, l’entreprise fait confiance à du code qu’elle ne contrôle pas.
Une mauvaise configuration du système d’information
Une mauvaise configuration est un ensemble de paramètres laissés par défaut, mal documentés ou non surveillés, qui finissent par exposer des informations exploitables, comme :
- Les permissions trop larges dont les excès de privilèges facilitent le déplacement latéral de l’attaquant ;
- Les certificats SSL expirés (HTTPS) qui ouvrent la porte à des attaques du type “man-in-the-middle”, où un pirate intercepte ou modifie les données échangées ;
- Les logs d’erreur non masqués qui aident les attaquants à cartographier votre SI et à identifier ses points faibles.
Les environnements de tests mal isolés
Quand un serveur de préproduction est connecté à la base de données réelle, les tests peuvent accidentellement modifier ou exposer des données sensibles. Pire : ces environnements sont souvent moins sécurisés (mots de passe simplifiés, correctifs non appliqués, ports ouverts pour faciliter les tests).
Quelles sont les conséquences d’une faille de sécurité applicative mal gérée ?
Une faille de sécurité applicative peut compromettre la continuité d’activité, exposer les données clients et ralentir durablement la production. Lorsqu’une application critique tombe, ce ne sont pas seulement les serveurs qui s’arrêtent : ce sont les ventes, les opérations et parfois la confiance des investisseurs.
Les conséquences financières sont considérables. D’après le rapport Cost of a Data Breach publié par IBM en 2024, le coût moyen d’une violation de données atteint 4,45 millions de dollars, un record mondial. Cette estimation ne tient même pas compte des sanctions liées, par exemple, au RGPD. Les amendes et les frais juridiques s’ajoutent aux coûts de remédiation et d’indisponibilité.
Les dommages se mesurent aussi dans la perte de réputation. Une entreprise victime d’une cyberattaque met souvent des mois, voire des années, à regagner la confiance de ses clients et ses investisseurs.
Comment construire une application sécurisée en 2025 ?
Les menaces évoluent plus vite que les correctifs. Construire une application sécurisée ne consiste plus à corriger après coup, mais à penser à la cybersécurité dès les premières lignes du projet informatique. De l’architecture au déploiement, chaque choix technique influence la robustesse globale de votre SI.
Intégrer la sécurité dès la phase de conception
Cette approche consiste à identifier les risques avant même de commencer à coder en se posant les bonnes questions (security by design). Quelles données seront récoltées et stockées ? Qui y aura accès ? Quelles dépendances seront utilisées ?
Cette approche repose sur trois principes :
- Anticiper les menaces : simuler les scénarios d’attaque dès la phase d’architecture.
- Limiter la surface d’exposition : ne déployer que les services réellement nécessaires.
- Automatiser les contrôles : intégrer des outils de sécurité dans la chaîne DevOps (CI/CD).
3 réflexes à adopter pour une application sûre
Les attaques les plus fréquentes ne viennent pas toujours d’un pirate sophistiqué, mais d’un simple champ mal protégé, d’un mot de passe stocké en clair ou d’une erreur non consignée. Pour éviter cela, toute application doit s’appuyer sur trois réflexes essentiels :
- Contrôler les données : chaque information saisie par un utilisateur ou transmise par un autre système doit être vérifiée avant d’être utilisée.
- Protéger les données sensibles : Les informations critiques (identifiants, mots de passe, fichiers de configuration) doivent être chiffrées pour rester illisibles même en cas de fuite de données.
- Tracer les événements : Bien configurés, les logs permettent de détecter rapidement un comportement suspect (connexions, erreurs, tentatives d’accès anormales) et de réagir avant que la faille ne soit exploitée.
Tester en continu pour réduire les risques et les coûts
Chaque nouvelle ligne de code, chaque mise à jour, chaque déploiement doit être testé automatiquement pour repérer les failles avant qu’elles n’atteignent la production. Cette approche, appelée sécurité continue, repose sur une idée simple : plus une faille est détectée tôt, moins elle coûte à corriger.
Anticiper les menaces par une veille proactive
La plupart des attaques réussies ne reposent pas sur des failles inconnues, mais sur des vulnérabilités déjà documentées depuis des mois. Mettre en place une veille de cybersécurité, c’est surveiller en continu les alertes publiques (bases OWASP, CVE, CWE) et les bulletins des éditeurs de logiciels pour repérer les failles applicables à ses outils. Une équipe qui suit ces informations peut corriger avant d’être attaquée, alors qu’une entreprise qui ne le fait pas découvre la faille après le piratage.
5 avantages à former vos équipes à la sécurité des applications
- Une cohérence entre stratégie business et gestion du risque : une entreprise bien informée sur les bonnes pratiques de développement sécurisé anticipe mieux les menaces, protège ses actifs numériques et renforce la crédibilité de son organisation auprès des investisseurs et partenaires.
- Un alignement des priorités techniques avec les objectifs stratégiques en l’intégrant directement dans la culture d’entreprise. La formation crée un langage commun entre la direction, les DSI et les équipes techniques.
- Une productivité accrue et des coûts de correction réduits en évitant les incidents en production et en permettant que plus de temps soit consacré à l’innovation et à la mise sur le marché.
- Une maîtrise de la conformité réglementaire (RGPD, ISO 27001, PCI DSS, NIS 2)
- Un renforcement de la confiance des clients en faisant de la sécurité de votre application un atout commercial.
La sécurité applicative : un levier de croissance trop souvent négligé
Traiter la sécurité en amont évite les crises, protège la marge de vos projets et rassure vos clients, vos partenaires et vos investisseurs. Au lieu de corriger dans l’urgence après un piratage ou une panne, les équipes anticipent les scénarios d’attaque dès la phase de conception. Ce travail en amont change radicalement la dynamique du projet : les délais sont mieux maîtrisés, les retours en arrière se raréfient et les équipes gagnent du temps pour innover. La sécurité devient alors un facteur de performance, et non plus une contrainte.
Sur le plan managérial, cette approche crée aussi un cercle vertueux : les clients perçoivent une marque fiable, les partenaires font davantage confiance à vos systèmes, et les équipes internes travaillent dans un environnement plus stable et prévisible. L’entreprise se dote ainsi d’un avantage concurrentiel durable, fondé sur la rigueur, la transparence et la continuité de service.
Avec la formation « Sécurité des applications » proposée par ib Cegos, vos équipes apprennent à passer du réflexe défensif à la posture proactive. Cette montée en compétences ne concerne pas uniquement les développeurs. Elle renforce aussi la gouvernance globale de l’entreprise, en créant une culture partagée de la sécurité informatique entre dirigeants, DSI et équipes projets.
Si vous souhaitez en savoir plus sur nos formations, nos équipes restent à votre disposition pour répondre à toutes vos questions.
FAQ sur la sécurité des applications
Qui doit être responsable de la sécurité applicative dans l’entreprise ?
La responsabilité incombe à la fois aux équipes techniques (dev, ops, sécurité) et à la direction, via une gouvernance claire définissant les rôles pour chaque phase du projet.
À quelle fréquence effectuer des tests de sécurité applicative ?
Il est recommandé d’automatiser des tests réguliers à chaque mise à jour majeure, à chaque nouvelle fonctionnalité, et de réaliser des audits de sécurité complets au minimum une fois par an.
Quels outils utiliser pour tester la sécurité d’une application ?
On utilise des scanners de vulnérabilités (OWASP ZAP, Nessus), des outils d’analyse statique/dynamique de code, des frameworks de tests d’intrusion (Metasploit), ainsi que des solutions dédiées à la surveillance continue.
Comment documenter efficacement la gestion des incidents liés à la sécurité applicative ?
Mettre en place une procédure d’incident comprenant journalisation précise, notification rapide, analyse de l’impact, communication interne-externe ainsi que des plans d’amélioration continue.
Quelle est la différence entre sécurité applicative et cybersécurité ?
La sécurité applicative vise à protéger spécifiquement les applications (code, données, accès), alors que la cybersécurité englobe la protection de tout le système d’information, infrastructures, réseaux, et utilisateurs.
Pourquoi former les développeurs à la sécurité dès la phase de développement ?
Former les développeurs dès la conception permet d’intégrer spontanément les bonnes pratiques, d’éviter les erreurs coûteuses à corriger en production, et d’ancrer une culture de défense proactive dans l’équipe.







